Livres d’heures rouennais
Six livres d’heures (dont deux conservés à la BnF) sont numérisés et consultables sur Rotomagus.
Les livres d’heures sont des ouvrages liturgiques destinés aux laïcs, leur permettant de suivre les prières au fil des heures de la journée. Y figurent souvent des calendriers et des psaumes. Ces manuscrits sont parfois richement enluminés, et ceux mis en ligne sur Rotomagus en sont des exemples remarquables.
Chaque pays voire, en France notamment, chaque région possède son style et ses influences, et les échanges sont nombreux entre les différents artistes et ateliers européens. Deux livres d’heures à l’usage de Rouen sont présents ici : les Heures à l’usage de Rouen (Ms m 315) conservé à la bibliothèque patrimoniale Villon et le Livre d’heures, en latin et en Français, à l’usage de Rouen, dit Heures de Chrétienne de France (Ms-562 réserve) qui appartient à la bibliothèque de l'Arsenal (BnF). Ces deux manuscrits sont attribués au Maître de l’échevinage de Rouen. Cet artiste, actif de 1460 à 1480 environ, a beaucoup travaillé pour la haute bourgeoisie rouennaise, notamment les échevins, dans une ville en plein essor après la guerre de Cent ans. Plusieurs manuscrits enluminés par le Maître de l'échevinage de Rouen ont été retrouvés dans la bibliothèque de l'hôtel de ville. Les deux livres d'heures ici présents reflètent chacun un aspect du style de l'enlumineur. Le livre d'heures conservé à Rouen fait ressortir un bleu omniprésent et un or étincelant, qui attirent l'œil à chaque folio. Les bordures des enluminures sont imposantes, regorgeant de ces mêmes teintes, tout comme l'ensemble des lettrines. Le manuscrit de la BnF est riche de décors floraux, très en vogue à l'époque, ainsi que de motifs animaliers et hybrides. Les plis et reliefs des vêtements sont rehaussés de stries dorées, une technique retrouvée dans d'autres manuscrits de l'enlumineur. Sa destination bourgeoise est confirmée par la représentation des commanditaires, des bourgeois de la paroisse de Saint-Herbland, église aujourd'hui disparue.
Les Heures de la Vierge avec calendrier latin (Ms Martainville 192) sont enluminées par Liévin van Lathem, peintre à la cour de Bourgogne au XVème siècle. Ses œuvres sont marquées par la perspective, présente aussi bien dans les illustrations calendaires de la vie à la campagne, que dans la vie de la Vierge.
Le Livre d'heures à l'usage de Rome (Ms Leber 142) est également introduit par un calendrier remarquable, aux bordures particulièrement raffinées et colorées. Les marges sont composées de végétaux et d’animaux (insectes, papillons, escargots…) d’un réalisme saisissant, rarement vu dans les manuscrits médiévaux. L'œuvre de Simon Bening, artiste flamand qui a fait sa réputation dans les livres d'heures, recèle également d'enluminures en pleine-page saisissantes d'émotions et de précision.
Le Livre d'heures avec calendrier Ms Leber 137 est aussi un manuscrit flamand, mais plus ancien : il a été réalisé XIVème siècle. Le commanditaire apparaît sur la première enluminure, au folio 12, aux côtés de Saint Georges et de la Vierge. On remarque sur toutes les enluminures le travail d'une finesse étonnante, notamment sur le fond rouge et or.
Enfin, les Heures de la famille Ango (NAL 392), manuscrit du début du XVIème siècle conservé à la BnF, a été réalisé à Rouen à l'occasion de la naissance d'une fille au sein d'une famille, dont les membres sont représentés au folio 6v. Le manuscrit se distingue par des encadrements en demi-cercles enluminés en bas de chaque folio.