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Le Plan de Rouen de Jacques Gomboust

En 1652, Jacques Gomboust, ingénieur-typographe du roi Louis XIV, réalise un plan de Paris qui fera date. Ce plan à plat renseigne celui qui l'observe au sujet de chaque rue et chaque monument, église, jardin, etc. La qualité de la gravure et les informations fournies en font un chef-d'œuvre de la cartographie. Trois ans plus tard, un magnifique plan de Rouen est levé, révélant les mêmes caractéristiques que son modèle. La singularité de cette carte par rapport à celles qui ont précédé est expliquée dans "l'extrait du privilège du Roy" attestant de la commande royale à l'ingénieur. Le plan est dressé avec précision et méthodes scientifiques, à l'échelle.

Le plan de "Rouen [avec la] Description des antiquitez et singularitez de la ville de Rouen" est une invitation à la marche, à l'exploration géographique et historique de la ville normande. La carte est accompagnée d'une description en neuf parties de l'histoire de Rouen (et son étymologie) depuis l'époque gallo-romaine, de son gouvernement spirituel, administratif et judiciaire ; l'économie marchande n'est pas oubliée, et sa géographie et sa structure urbaine sont précisées.  

Une dédicace à "Monseigneur le Duc de Longueville" introduit le plan. Henri II Orléans-Longueville, duc de Longueville, d'Estouteville et de Coulommiers, est pair de France et gouverneur de Normandie à partir de 1619. Puis vient un hommage aux échevins de la ville. Dans ces deux dédicaces, l'éloge de la ville de Rouen, "Capitale de la plus grande Province du plus grand des Royaumes", est sans concession. L'objectif de l'ingénieur est de faire connaître la ville aux visiteurs, Français et étrangers, grâce à une méthode artistique incontestablement pérenne : la gravure.

 

Plan Rouen
Rothomagus - Rouen [avec la] Description des antiquitez et singularitez de la ville de Rouen par Jacques Gomboust, 1655.

 

Ce plan est un bonheur pour les yeux et l’imagination du visiteur et du Rouennais d’aujourd’hui. Le qualificatif de « ville aux cent clochers », attribué à Victor Hugo, saute aux yeux grâce à la mise en valeur des monuments religieux. Les couvents et monastères sont légion, au sein des murs de la ville comme dans les faubourgs. Le curieux s’amusera à constater qu’avant le quartier Grammont et avant les abattoirs qui occupaient la place de la bibliothèque Simon-de-Beauvoir, se trouvait l’abbaye de Grammont, au milieu du paysage champêtre remplacé aujourd’hui par les voies ferrées, les commerces et les habitations. La toponymie se révèle dans les détails. Ainsi l’actuelle place des emmurées, qui est une place de marché notoire sur la rive gauche, porte ce nom en raison du monastère des jacobines des Amurées qui, à force de subir les attaques et les sièges de la ville, se construit une enceinte.

La description des rues et des monuments permet ainsi à l’observateur de comprendre la géographie de la ville, d’en explorer les recoins avec la profondeur historique que permet ce plan exceptionnel.

 

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